Ulysse repart : Le voyage d'hiver

Réveil à 4h du matin pour me rendre aux îles San Blas. 4h de 4x4 pour arriver dans la région de San Blas et son peuple Kuna, ethnie qui vie encore à l'heure de sa culture et de son folklore. Ils peuplent toutes la plupart des îles de l'archipel et parfois la jungle qui nous sépare de la Colombie et qu'on appelle le Darien. Pour aller en Colombie depuis le Panama, il ya 3 façons de faire, par avion, par la route traversant le Darien et par bateau. L'inconvénient de la deuxième solution est que cette jungle à ses mystère et on peut y trouver aussi bien des guerilleros, des traficants de drogue et des moustiques. Donc fortement déconseillé. L'avion est ennuyant et le bateau passionnant. Donc je me rends avec mes coéquipiers voyageurs prêt d'une rivière pour prendre une barque qui m'emmènera sur une île à Porvenir, pour prendre une autre barque qu'on appelle "lancha" jusqu'à embarquer sur notre voilier, le Windsurfer...

On fait connaissance avec notre capitaine Tilson, un petit colombien avec un tatouage de pirate et sa copine américaine, Lauren, qui sera notre cuisinière toute long du trajet. Elle servira aussi de traductrice aux 4 jeunes américains qui m'accompagnent pour ces 5 jours en mer. Leur nom, Nick chauffeuru de taxi à Hawaï, Lila qui travaille pour des shows télévisés à Los Angeles, Jonathan journaliste à LA, et Aimee la toute jeune, institutrice dans le New Jersey.

Bref après une petite sieste sur les hamacs de la plage nous voilà prêt à partir parcourir quelques unes des 353 îles qui peuplent l'archipel, certaine à peine plus grande qu'un terrain de football. Bon vent !!

Le soir on fait escale dans une petite île où l'ont rencontrera le lendemain l'équipage d'un autre bateau, un catamaran du nom de Viva, celui que j'aurais du prendre si je n'avais choisi le Windsurfer et on rencontrera sur la plage au détour d'une partie de freesbee une belle argentine, seule qui cherche un bateau pour se rendre en Colombie. Je lui négocie le prix à moitié du notre et la voilà nouvelle coéquipière de voilier. Nora est son nom. Elle a un tambour qu'elle joue et chante parfois des chansons sur la force des femmes. Elle me fait penser à l'héroine d'un livre, la sorcière de Portobello, qui est connectée à la planète et aux énergies cosmiques. Fait étonnant, le livre est sur le bateau et en le lisant elle se reconnait dans le personnage. En tout cas je peux enfin parler espagnol sur le bateau et je lui sert d'interprète quand Nick, séduit, tente de communiquer avec elle.

Après une journée passé sur cette île peuplée de 4 huttes et quelques kunas à jouer au volley avec les voyageurs de passage où qui resteront dormir quelques jours sur la plage, nous retournons à notre voilier pour prendre l'apéro et préparer à manger sous les lueurs du yacht à côté qui éclairant les fond marin nous permet de voir évoluer quelques raies manta autour du bateau. Belle nuit sans étoile où on dort quelque fois sur le pont et parfois dans notre chambre. Le destin a voulu que je partage ma chambre avec Nora, mais bizarrement on ne dormira jamais dans la chambre au même moment. On préfère l'air doux des alizés qui caresse les voiles.

Le lendemain matin préférant rester une journée de plus à rien faire que de nager au lieu de prendre le large, on reste ancré au large de la petite île et on occupe la journée comme on peut. En tirant les cartes pour certains, en dormant, faisant des mots croisés où en lisant. Journée très farniente.

Parfois un sursaut et l'envie de manger nous prend. Alors Tilson et Nick tentent de partir pêcher mais finalement le seul appât qui fonctionnera sera un billet de 5 dollars avec lequel ils achèteront du poisson déjà pêché. On tente de temps en temps de lancer une ligne depuis le bateau pour ramener quelques poissons en plus et on tente même de pêcher un énorme baracouda qui passe sous le bateau. Il nous mange deux lignes et file à la vitesse de la lumière. Nick dans l'eau à ce moment là pour le voir de plus prêt  se demande ce qu'il fout face à se monstre qui mange des hameçons pour le petit déjeuner. On achète aussi des langoustes et on se fait tous les repas qu'on aime. Mexicain, créole pour notre plus grand plaisir. Un requin chat passe sous le bateau, un petit requin inoffensif qui oscille sous nos yeux. C'est pas le premier qu'on voit, mais c'est le premier vivant en tout cas.

Parfois Lila sort son yuculélé et nous fait quelques airs accompagné par le tambour de Lila. Une très belle chanson aux doux sons de l'amérique du sud est en fait une reprise d'un rap de Snoop Doggy Dog ! Mais au yuculélé c'est super joli. Puis quand le nuit tombe, ben on fait pareil qu'en plein jour, on se la coule douce en attendant un autre bon repas. Un soir en arrivant sur une île à la nage, une toute petite îles, nous tentions de casser des noix de cocos avec des coraux. Une heure pour casser 6 cocos qui nous serviront le lendemain à faire un curry au lait de coco pour accompagné un délicieux poisson.

Enfin on prend la mer et partons au large, la mer est calme et le soleil présent pour une fois. Mais l'apparent beau temps sera de courte durée. Alors qu'on s'apprêtait à préparer les spaghettis bolognaise, la pluie et le vent se levèrent, puis alors qu'on magnait les casseroles, les visages se figèrent, les casseroles se tenèrent à 45 degrès pour ne pas les renverser, le capitaine se battait avec la barre (qu'on appelle un macaron) pour redresser le bateau et sa copine se démenait avec les cabestans où s'enroullent les cordes qui commandent les voiles. Il était 16h. En quelques seconde la mer se démontait et on se tenait tant bien que mal en équilibre dans la cabine qui nous balançait tantôt à babord et à tribord. Deux prirent des pilules contre le mal de mer de suite ce qui les firent dormirent pendant 15h, les autres filèrent sur le pont pour prendre l'air et anticiper les vagues; L'intérieur du bateau valdinguant, on se sentait dedans comme dans un bateau ivre. Donc trempés, les corps au vent et sous la pluie, on regardait les vagues qui malmenaient notre voilier. Tout autour, du gris et du gris, la tempête n'avait pas l'air de vouloir se calmer. Je tentais de rassurer Nora qui se sentait mal en lui disant de regarder l'horizon et que la tempête n'allait durer qu'une heure, n'en sachant rien, mais une heure en mer sur une mer houleuse, ça en vaut 5 sur terre. Finalement une heure après la mer se calma relativement et même si les vagues continuaient à soulever le bateau, c'était pour nous comme naviguer en eau calme. Moment pour se relaxer, de faire quelques mots croisés et de se réchauffer et surtout de finir de cuisiner nos spaghettis au chorizos et de manger. On mangeait dehors à la fraîche et on s'endormit dehors au grand air pour éviter nos lits encore ivre à l'intérieur. Mais la pluie nous chassa et au milieu de la nuit chacun regagna sa couche. Je fus le dernier à rentrer, bien après Nora, bien après Nick que je retrouvais dans mon lit et je devinais bien que leur idylle venait de commencer en ce soir de tempête. C'était peut être un jour normal pour un marin ou des pêcheurs de sardines, mais pour moi, je me suis juste dit que je ne voulais pas chavirer aujourd'hui (ni jamais).

Le lendemain matin la grisaille était toujours là, le bateau roulait toujours un peu, Tilson avait un peu veillé la nuit pour naviguer et ce fut une journée où on fut bien fatigués. Dans mes calculs il restait 24 de trajet, encore une nuit à passer, mais la bonne nouvelle fut qu'il ne restait que 7h... Le sourire revint et je passais la moitié dehors pour prendre l'air en mangeant mon sandwich en guise de petit déjeuner, l'estomac légèrement noué.

un miracle arriva ce matin là. A mi parcours, le ciel se degagea, la pluie cessa et au moment même où la dernière goutte tomba, une armada de dauphins vinrent en sautant à notre rencontre. Un dizaine sautant tous ensemble dans notre direction puis se mettant sous la proue du bateau, nous guidèrent pendant une bonne quinzaine de minutes puis aussi soudain qu'ils apparurent, ils disparurent. Nous étions tous assis à l'avant du bateau tentant de les toucher ou juste de les regarder filer sous l'eau. On savait qu'on était sauvé et que les anges de la mer étaient venus à notre rencontre pour nous rassurer.

Puis enfin Cartagena apparut et on apparailla tranquilement dans ce nouveau pays peuplées de légendes urbaines, la Colombie !!

Un nouveau voyage vient de commencer. Un voyage à travers l'Amérique du sud !!

Que vaya con dios !!